ÉCRITURE : MÉMOIRES D'UN MÉTIER (On Writing : A Memoir of the Craft)
Essai de Stephen King (2000)
Livres de Stephen King déjà lus : Différentes Saisons (1982), Christine (1983), La Peau sur les os (1984)
Quatrième de couverture :
Quand Stephen King se décide à écrire sur son métier et sur sa vie, un
brutal accident de la route met en péril l'un et l'autre. Durant sa
convalescence, le romancier découvre les liens toujours plus forts
entre l'écriture et la vie. Résultat : ce livre hors norme et génial,
tout à la fois essai sur la création littéraire et récit
autobiographique. Mais plus encore révélation de cette alchimie qu'est
l'inspiration. Une fois encore Stephen King montre qu'il est bien plus
qu'un maître du thriller : un immense écrivain.
Mon avis :
Vous pensiez que le métier d'écrivain vous était inaccessible? Vous ne saviez pas comment faire pour améliorer vos premiers écrits? Ou vous pensiez peut-être que votre style foisonnant et votre talent incommensurable ne pouvaient être compris par ces maisons d'édition vénales qui refusent de vous publier? Ce livre est pour vous!
Quand Stephen King décide d'écrire sur son métier, il le fait à la Stephen King : il rue dans les branquards, il y va franco, sans se soucier de ce qu'on peut penser de lui. Dès le départ, il nous l'énonce : Ce livre n'est pas bien long, pour la simple et bonne raison que la plupart des livres qui parlent d'écriture sont pleins de conneries. Les romanciers, moi y compris, ne comprennent pas très bien ce qu'ils font, ni pourquoi ça marche quand c'est bon, ni pourquoi ça ne marche pas quand ça ne l'est pas. J'imagine qu'il y aura d'autant moins de conneries ici que le livre sera court. Et ceci vient d'un auteur dont on a souvent critiqué le succès et qu'on soupçonnait de dissimuler une recette miracle pour vendre ses livres comme des petits pains. Si l'auteur ne vous aidera pas à trouver votre propre inspiration, seul élément qui vous demandera du travail personnel, il vous guide pour tout le reste, de ses conseils avisés et pragmatiques. À moins de ne vouloir rendre un hommage direct à Marcel Proust, évitez les adverbes, mais également tous les mots, voire les phrases, voire les paragraphes, qui ne desservent pas l'histoire. Le meilleur moyen de vous planter, c'est d'en faire trop. Je ne vais pas énoncer ses conseils en entier, rassurez-vous. Il faut absolument découvrir ce petit essai de littérature, qui sous des aspects bien sérieux, sera une bonne occasion de vous marrer. Car s'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas reprocher à Stephen King, c'est bien de ne pas avoir de recul sur sa profession. Entre les conneries qu'on peut lire dans les romans des autres, comme dans les siens, dur de ne pas réaliser que la littérature est quand même joncher de beaux désastres stylistiques.
N'ayant jamais écrit d'autobiographie officielle (à ma connaissance), ce livre est également pour l'écrivain le prétexte d'évoquer des épisodes de sa vie. Rassurez-vous, il a ciblé tous les éléments qui l'ont amené à devenir écrivain, ou en tout cas ceux qui peuvent expliquer ce qu'il est aujourd'hui. Malheureusement pour les plus curieux d'entre vous, donc, vous ne saurez pas à quelle heure Stephen King est allé aux cabinets le 18 mars 1985! Si King entre malgré lui dans le cliché de l'écrivain qui a su renaître d'une enfance pauvre et pas toujours rose, il arrive à casser les images d'Epinal. Malgré la précarité de sa vie et l'absence d'un père, King a vécu une enfance heureuse, pas facile certes, mais heureuse. Il faut le lire raconter ses premières publications lycéennes, c'est passionnant.
Le livre se finit par l'évocation de l'accident survenu en 1999, pendant l'écriture de ce livre : un mini-van l'a fauché de plein fouet alors qu'il se promenait au bord de la route. Après un tel choc, Stephen King s'est vu reconsidérer beaucoup de choses, relativiser les priorités, pour finir par cette phrase mise en exergue sur la quatrième de couverture : La vie n'est pas faite pour soutenir l'art. C'est tout le contraire. Si Stephen King écrit, c'est d'abord parce qu'il aime la vie. Et nous, c'est pour ça qu'on aime Stephen King.
Elles en parlent aussi : Cuné Gaëlle
Premières lignes :
J'ai été très impressionné par les mémoires de Mary Karr, The Liar's Club. Non seulement par leur férocité, leur beauté et la manière délicieuse dont elle rend le parler local, mais aussi par leur totalité : c'est une femme qui se souvient de tout, qui se rappelle son enfance dans les moindres détails.
Je ne suis pas fait ainsi. J'ai eu une enfance bizarre, cahotique, ayant été élevé par une mère seule qui a beaucoup déménagé alors que j'étais tout petit et qui - mais je ne suis pas tout à fait sûr de ce détail - nous a peut-être mis en nourrice chez sa soeur pendant un certain temps parce qu'elle était incapable, financièrement ou psychologiquement, de tenir le coup avec deux enfants. Peut-être était-elle aux trousses de notre père qui, après avoir accumulé un paquet de dettes, avait pris la clef des champs alors que je comptais deux ans et mon frère David quatre. Dans ce cas, elle ne lui a jamais remis le grappin dessus. Si ma mère, Nellie Ruth Pillsbury King, fait partie des premières Américaines libérées, cela n'a pas été le résultat d'un choix délibéré de sa part.