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La tête dans les pages
23 décembre 2007

PIÈGE POUR CENDRILLON

30847_0Roman de Sébastien Japrisot (1963)
Grand Prix de Littérature policière
Livres de Sébastien Japrisot déjà lus : aucun

Quatrième de couverture :
Mon nom est Michèle Isola
J'ai vingt ans
L'histoire que je raconte est l'histoire d'un meurtre
Je suis l'enquêteur
Je suis le témoin
Je suis la victime
Je suis l'assassin
Je suis les quatre ensemble, mais qui suis-je?

Mon avis :
De Sébastien Japrisot, je ne connaissais que les adaptations ciné de ses romans, de L'Eté meurtrier à Un long dimanche de fiançailles, et ses héroïnes torturées et exigentes au caractère insupportable. C'est donc avec Piège pour Cendrillon que je découvre l'écrivain. Un écrivain qui a décidé de jouer avec les codes du polar, de les mélanger et de les servir à sa sauce. En lisant la quatrième de couverture, vous verrez de quoi je parle. Japrisot a réussi à réunir les quatre archétypes du roman policier pour les confondre en une seule et même personne et créer l'héroïne d'un roman haletant et complètement fou, que vous aurez bien du mal à lâcher. Mais comment a-t-il fait, me demanderez-vous? (si si, vous me le demanderez, sinon, ça fout toute ma critique en l'air!) Michèle se réveille un matin dans un hôpital. Elle a été victime d'un incendie, est accuse de sérieuses brûlures aumostra_fotografiaautor visage et aux mains. Michèle a perdu la mémoire après l'accident, et ne se souvient de rien. Elle va donc devoir reconstruire son identité grâce aux dires du médecin et de son entourage. Son entourage, en l'occurence, n'est composé que de Jeanne Murneau, une grande Italienne qui joue le rôle d'ancienne nourrice. Michèle est obligée de croire ce que lui dit Jeanne. Pourtant, elle sent que quelque chose cloche. La situation de départ soulève déjà une angoissante réflexion sur l'identité. Qu'est-ce qui fait que Michèle est Michèle? Elle ne peut se fier à son visage, ni à ses empreintes digitales, puisqu'ils n'existent plus. Se construit-on seulement par rapport à l'image que les gens disent de nous, où a-t-on une personnalité établie qu'on peut retrouver en toute circonstance, comme une empreinte génétique?
Au fur et à mesure que Michèle poursuit sa quête d'identité, elle découvre que l'incendie dans lequel elle a été impliquée n'était pas un accident, qu'il a fait une victime, une jeune femme, comme elle, et que Jeanne n'est pas vraiment toute blanche dans cette affaire. Chaque élément de l'enquête que découvre l'inspectrice Michèle a des répercussions sur la victime Michèle, et ajoute une touche de vérité sur le rôle qu'a pu jouer la coupable Michèle. Cette enquête, bien sûr amène le témoin Michèle à se souvenir peu à peu de ce qui s'est passé. Mais la mémoire se mêlant aux affirmations de la nourrice, Michèle voit l'événement se dérouler successivement à travers ses yeux et ceux de Do, l'autre victime. Car Michèle, au fond, n'est-elle pas Do?
Japrisot, de son écriture précise et enchanteresse, créer une enquête de l'intérieur (dans la tête de Michèle), où tous les protagonistes se confondent, pour faire éclater la vérité à l'extérieur. Ou quand le polar nous plonge dans des mises en abyme à l'infini, pour mieux perdre un lecteur et démêler une intrigue à la fois.

Premières lignes :
Il était une fois, il y a bien longtemps, trois petites filles, la première Mi, la seconde Do, la troisième La. Elles avaient une marraine qui sentait bon, qui ne les grondait jamais lorsqu'elles n'étaient pas sages, et qu'on nommait marraine Midola.

Un jour, elles sont dans la cour. Marraine embrasse Mi, n'embrasse pas Do, n'embrasse pas La.
Un jour, elles jouent aux mariages. Marraine choisit Mi, ne choisit jamais Do, ne choisit jamais La.
Un jour, elles sont tristes. Marraine qui s'en va, pleure avec Mi, ne dit rien à Do, ne dit rien à La.
Des trois petites filles, Mi est la plus jolie, Do la plus intelligente, La est bientôt morte.

 

piege_pour_cendrillonCe film a été adapté au cinéma par André Cayatte en 1965, avec dans les rôles principaux Dany Carrel, Madeleine Robinson et Hubert Noël.

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Commentaires
G
Au contraire, moi, c'est le seul Japrisot que j'ai lu. Mais il y a encore "Un long dimanche de fiançailles" qui m'attend sur mon étagère.
K
Bien qu'ayant lu "L'été meurtrier", "Compartiments tueurs" et "Les mal-partis" (si je ne dis pas de bêtise, son premier roman, qui n'a rien à voir avec du policier), je ne connaissais pas ce roman...<br /> Je vais tenter...
G
Dois-je te rappeler que si je me suis mis à Sébastien Japrisot, c'est bien parce que tu en parlais (déjà) avec passion sur ton blog. J'ai encore "Un long dimanche de fiançailles" qui m'attend dans ma PAL, et j'ai hâte de pouvoir faire la comparaison avec le film de Jeunet.<br /> Oui, j'ai vu "Le Passager de la pluie", et maintenant que tu me le dis, c'est vrai qu'il y a quelque chose entre les personnages interprétés par Marlène Jobert et Isabelle Adjani. Il dégage de se film comme une curieuse ambiance... J'ai toujours du mal à définir ce film.
G
C'est avec ce roman que j'ai découvert Japrisot, un des auteurs les plus chers à mon cœur. Et j'ai senti d'emblée que j'avais rencontré un romancier que je n'allais plus lâcher. Ce roman est TRES réussi, il possède déjà cette grace mélancolique qu'on retrouvera décuplée dans "l'Eté meurtrier" ou "Un long dimanche de fiançailles." Et je me permets de te conseiller de lire les livres, car les héroïnes y y sont bcp moins agaçantes : en fait elles sont plutôt tendues à l'extrême entre la grâce et la fêlure, elles sont comme du verre au bord de se fendre et qui s'essaie à la bravade. Je les adore...<br /> Et as-tu vu, toi qui connais les films, "Le passager de la pluie ?" c'est un film irrésistible, à la fois mutin, joyeux et désespéré. L'héroïne s'appelle Mélancolie et elle ressemble à ses sœurs japrisiennes. Notamment à Elle, la jeune femme vengeresse de l'Eté Meurtrier.<br /> Et paf, j'ai envie de relire du Japrisot. Pdnt longtemps j'ai attendu son prochain livre. Jusqu'à ce que j'apprenne un matin dans le journal qu'il n'y en aurait plus...
G
Je vous souhaite également une excellente année 2008.<br /> Avant mes recherches, je n'avais jamais entendu parler, moi non plus, de cette adaptation d'André Cayatte. Je ne peux émettre une opinion quant à la qualité du film. Mais je pense qu'il mérite néanmoins le coup d'oeil!<br /> À bientôt
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