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La tête dans les pages
5 novembre 2008

ET SI C'ÉTAIT NIAIS ?

Et_si_c__tait_niaisRoman de Pascal Fioretto (2007)
Livres de Pascal Fioretto déjà lus : aucun

Quatrième de couverture :
Printemps 2007. Alors que la rentrée littéraire approche, Christine Anxiot n'a toujours pas remis son manuscrit annuel. Son éditeur déclenche une enquête sur l'inexplicable disparition, mais les enlèvements d'écrivains continuent. Dans les milieux feutrés de l'édition s'engage alors une impitoyable chasse à l'homme de lettres...

Mon avis :
Vous avez envie de foutre des baffes à Christine Angot? Frédéric Beigbeder vous horripile? Vous pensez que Marc Levy et Anna Gavalda feraient mieux de se cantonner aux modes d'emploi de stylos Bic? Alors ce livre est fait pour vous. Avec un plaisir manifeste, Pascal Fioretto se fout ouvertement de tous les auteurs qui squattent notre petit écran et dont chaque oeuvre crée un événement médiatique dont le contenu n'est pas toujours (voire rarement) à la hauteur du nombre d'exemplaires vendus. Il ne s'agit pas ici d'essayer de faire mieux qu'eux (Peut-on battre Bernard-Henri Levy ou Frédéric Beigbeder sur le terrain de la fiction auto-nombrilisée?), mais bien de les parodier pour faire rire le lecteur. Car disons-le franchement : si le sous-titre de ce roman est "Pastiches", à savoir une imitation minutieuse d'un style, l'auteur se prend surtout à grossir les traits de nos têtes à claques préférées pour en montrer le ridicule. Je dois avouer que certaines de ces parodies (chaque chapitre étant consacré à un écrivain différent) m'ont plus amusé que d'autres. Les parties dédiées à Christine Anxiot, Mélanie Notlong et Anna Galvauda sont particulièrement savoureuses ; je me suis même surpris à pleurer de rire lorsque la copie de Christine Angot menace quiconque ose se trouver sur son chemin de le "dénoncer dans son prochain roman". D'autres chapitres, comme ceux reprenant le style de Marc Levy ou de Jean-Christophe Grangé, grossissent les tics littéraires qui opposent souvent les fans aux détracteurs. Soit la niaiserie sans limite de Marc Levis, les détails outrageusement dégueu de Jean-Christophe Rangé, mais aussi le mysticisme à deux sous de Bernard Werbeux, les logorrhées sans fin de Jean d'Ormissemon, le laconisme incroyable du héros de Fred Wargas, l'ego et le condescendance démesurés de Denis-Henri Lévi et j'en passe.Fioretto_Pascal
On est quand même très loin du chef d'oeuvre avec Et si c'était niais?. Notamment à cause du parti pris même du livre. Changer de ton et de style à chaque chapitre implique un agaçant manque de cohérence dans l'histoire. C'est un peu comme un film avec Leslie Nielsen. On a beau rire (ou pas) à tous ses gags, on a souvent du mal à se souvenir de l'intrigue, qui pourtant pourrait tenir sur un post-it coupé en quatre. L'autre raison pour laquelle ce livre m'a énervé au dernier moment, est l'épilogue du roman, dans lequel Fioretto se dédouane totalement de sa démarche. Oser dire qu'il les a parodiés parce que, finalement, il les aime bien, ça m'a soûlé. On ne s'aventure pas dans ce genre de projet avec la peur de se voir un procès collé au cul. Soit on assume sa part de méchanceté, soit on écrit comme Marc Levy, mais sérieusement. D'autant plus que c'est renier ce qui va motiver les lecteurs à acheter ce livre, et c'est louper une superbe campagne de pub si, effectivement, Et si c'était niais? avait emmerdé l'une de ses victimes.
Je dirai donc à M. Fioretto : Faites-nous rire, mais ne vous excusez surtout pas d'être drôle!

Ils en parlent aussi : Amanda LVE

Premières lignes :
Barbès Vertigo
Denis-Henri Lévi

L'eau glacée sur mon visage finit de me ramener à la réalité. Peu à peu, je vis se redessiner les contours de l'endroit où je me trouvais. Dans un coin sombre de la pièce, devant une étroite fenêtre, l'écran de mon ordinateur portable luisait dans la pénombre jaune.
Combien de temps "cela" avait-il duré, cette fois? Combien d'heures étais-je resté absent à moi-même, à ma mission, à cette vigilance de chaque instant à laquelle je m'astreins inlassablement, nuit et jour, depuis tant d'années? Oui, combien? Je n'en avais pas la moindre idée. Il n'y avait pas d'horloge dans ma mansarde miteuse et j'avais laissé ma montre Bréguet, cadeau de Marek Halter, en sécurité chez moi.
Chez moi! Ces deux mots me semblèrent soudain irréels. Chez moi, c'était ici et maintenant. C'était là-bas et nulle part. J'étais partout chez moi. Mais, en cet instant précis, j'étais de l'Autre Côté. Dans cet ailleurs, si loin et si proche, au-delà du fleuve.

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Commentaires
J
Je n'ai jamais lu cet auteur, je n'aime pas Marc Levy (je le déteste même), mais je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que les livres de Marc Levy ont plus de valeur que ceux de ce pasticheur. Quand on regarde sa biographie, on se rend compte... qu'il n'a marqué le monde du livre que de ses pastiches. Ce que j'aime chez les auteurs que je lis, c'est justement leur nombrilisme. La littérature se doit d'être marquée par des auteurs qui ont un style et qui regardent le monde de leurs propres yeux, et non de douillets qui respecteraient les diktats du bon goûts imposés par ceux qui définissent ce qu'est un classique et ce qui ne l'est pas. Et vous seriez étonné dans cent ans de voir Nothomb au rang de classique, elle qui a du style, qui a peut-être perdu avec le temps, mais qui a aussi écrit des romans magnifiques et que même ceux qui la critiquent hésitent à jeter au feu. Et quand on voit tout ce que se reçoivent les auteurs quels qu'ils soient, aujourd'hui, dès qu'on entend un peu parler d'eux, on se dit que la littérature est morte. Pas seulement à cause des mauvais auteurs qui, au fond, ont existé à toute époque (c'est un mythe que de croire que les siècles précédents n'avaient que des joyaux). Mais une tendance que je remarque, notamment quand on me parle de monsieur Fioretto, c'est que beaucoup semblent avoir du mal à comprendre que pour avoir un bon écrivain, il faut du style, il faut des tics de langage, un auteur qui innove et qui marque la littérature de son univers. On a d'un côté les faiseurs (comme Marc Levy) et de l'autre les douillets, qui se plaignent dès qu'il y a un tic de langage (Céline ou Proust auraient aussi été parodiés s'ils avaient vécu à notre époque), et entre les deux, des auteurs talentueux mais hésiteront à publier quoi que ce soit, parce qu'ils n'auront pas le droit d'être personnels. On critique les tics de langage ? Je vous invite à relire Racine et à relever le nombre de mots qui se répètent, on pourrait presque deviner la fin de ses vers tellement c'est prévisible. Ajoutez à ça cette autre tendance, très "fin dix-neuvième", qui consiste à blâmer tout ce qui a un peu de succès, ce qui a valu à Claudel, aujourd'hui considéré comme un classique, de recevoir les crachats des critiques. Et c'est si simple de passer sa vie à parodier, mais à un moment, il faut aussi poser sa pierre. Les parodies, c'est au fond de la sous-littérature.
N
Je n'ai pas lu tous les chapitres puisque je n'ai pas lu tous les auteurs parodiés, mais j'ai beaucoup aimé Amélie Nothomb, c'est très juste. C'est vrai qu'elle adore citer des figures de style que personne ne connaît. Ce chapitre est vraiment réussi.
L
Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas fait rire autant. J'ai trouvé ça vraiment génial la manière dont il arrive à parodier si bien le style de ces pseudo "grands auteurs". Je ne m'attendais pas à un grand moment de littérature en lisant se livre mais simplement à un moment de détente et ce fut le cas. ça fait du bien parfois :-)
G
Je ne suis pas sûr qu'il était sûr de vendre son livre, parce qu'il s'attaque tout de même à des auteurs qui ont énormément de fans, dont certains très puristes. Il y a plusieurs auteurs parodiés dans ce roman que je ne connais pas, et pourtant ça m'a fait rire. Après, la démarche... chacun juge selon ses convictions.
Y
honnêtement bof ! Soit je n'aime pas les auteurs et je risque de ne pas reconnaitre la parodie (parce que je ne m'entête pas quand je n'aime pas - genre j'ai lu un Marc Levy et demi, je ne crois pas pouvoir reconnaitre son style honnêtement), soit je ne les ai pas lu (y'en a un paquet), soit encore j'aime bien les auteurs et là ça peut me faire sourire... ou pas ! c'est un peu facile comme entreprise, non ? au moins il est sûre de vendre son bouquin grâce à ceux dont il fait semblant de se moquer hummm !!!
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