L'ÎLE DANS UNE BASSINE D'EAU
Contes de Béatrix Beck (1996)
Livres de Béatrix Beck déjà lus : aucun
Quatrième de couverture :
Une fée vole inlassablement sur les routes à la recherche d'un nouveau-né dont elle pourrait être la marraine.
Au fond d'un palais, un enfant passe ses colères sur les habitants minuscules d'une île qui flotte au milieu d'une bassine d'eau.
Plus loin, dans un lieu sauvage, les cris de désespoir d'une princesse triste à mourir donnent naissance à des oiseaux.
Ailleurs, on voit une petite fille de verre qui ne peut se mettre à courir sans que ses parents lui crient de faire attention, qui ne peut manger un bonbon sans que tout le monde le sache, qui ne peut formuler le plus petit mensonge sans risquer de se fêler.
Quinze contes qui montrent le monde sous un jour inquiétant et magique.
Mon avis :
Je pense que chacun de vous (oui, vous blogueuses et blogueurs littéraires) avaient fait votre apprentissage de la littérature par les contes. Personnellement, j'en bouffais par tonnes, dévorant mes livres (et ceux de ma soeur, au passage), du type "Un conte pour tous les jours". J'adorais découvrir des mondes où le fantastique et le réel se mêlaient sans barrière, où les princesses et les animaux vivaient des expériences incroyables, souvent résumées en quelques lignes ou en quelques pages. Bien sûr, je n'avais pas le recul nécessaire pour comprendre l'importance de la morale finale, et encore moins les sous-entendus psychologiques qui ont transformé mes personnages préférés en pervers polymorphes. Mais je dois dire que si, aujourd'hui, je suis un mec bien (et je ne vous laisserai pas dire le contraire!), c'est en grande partie grâce aux contes de fées.
J'ai donc toujours un certains plaisir à relire ces petites histoires. On aurait tort de croire que les contes pour enfants se sont arrêtés au 19e siècle avec Andersen. Moults auteurs s'amusent encore dans cette catégorie. Exemple parmi tant d'autres : Béatrix Beck. Dans ce recueil, l'auteure reprend tous les éléments qui ont fait les contes de mon enfance : princesses malheureuses, fées et lutins, vilains garnements, animaux parlants... Et pourtant, ça ne prend pas. Il y avait quelque chose dans les contes d'autrefois, que vous avez peut-être oublié, mais qui a joué dans le plaisir qu'ils vous ont procuré : on s'y sentait bien. À la fin, la morale était sauve, le conflit réglé, c'était l'apogée du happy end. Chez Beck, que nenni. Elle nous dépeint un monde angoissant, qui ne trouve pas forcément de fin heureuse, quand il y en a même une. À chaque fois que je terminais un conte, la première chose qui me venait à l'esprit, c'était : "Oui, mais alors?" ou "Et?". Si le but de l'écrivain était d'angoisser le peu d'enfants stables qui nous restent dans ce monde de fous, c'est pari gagné. Personnellement, je vais retourner du côté des Frères Grimm ou de Perrault, au moins j'y retrouverai un sens à mon monde.