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La tête dans les pages
29 octobre 2007

CEUX QUI VONT MOURIR TE SALUENT

Ceux_qui_vontRoman de Fred Vargas (1994)
Livres de Fred Vargas déjà lus : Debout les morts (1995), Un peu plus loin sur la droite (1996), L'Homme à l'envers (1999), Pars vite et reviens tard (2001)

Quatrième de couverture :
A priori, tous les dessins de Michel-Ange ont été répertoriés. Et lorsque l'un d'eux fait une apparition discrète sur le marché, il y a tout lieu de supposer qu'il a été volé. Le plus incroyable, c'est que celui qui est proposé à Henri Valhubert, célèbre expert parisien, provient probablement du Vatican ! Qui se risquerait à subtiliser les trésors des archives papales ? L'affaire se complique lorsque Valhubert est assassiné, un soir de fête, devant le palais Farnèse. Instantanément, les soupçons se portent sur le fils de la victime. Ce dernier fait partie d'un curieux triumvirat d'étudiants, aux surnoms d'empereurs : Claude, Néron et Tibère. En résidence à Rome depuis plusieurs années, tous trois entretiennent des liens singuliers avec la veuve de Valhubert. Une femme au charme envoûtant...

Mon avis :
Second roman de l'auteure après Les Jeux de l'amour et de la mort, Ceux qui vont mourir te saluent annonce la Vargas de ses plus grands succès, sans qu'on y rencontre encore ses personnages récurrents fétiches. Car Fred Vargas a pour particularité de bâtir ses romans en façonnant d'abord ses personnages, s'intéressant à l'intrigue bien plus tard. Et déjà dans ce volume, on sent que les héros de l'histoire sont vraiment le moteur du livre. Sans être de pâles copies de ce que seront les protagonistes de ses futurs romans, on sent que certains d'entre eux ressemblent à une esquisse. L'exemple le plus frappant est le trio formé par Claude, David et Thibault, rebaptisés les "empereurs" sous les pseudonymes de Claude, Néron et Tibère, et qui ne peut que faire penser aux Evangélistes Saint-Luc, Saint-Marc et Saint-Mathieu, héros notamment de Debout les morts. Un groupe soudé aux codes bien précis et pourtant obscurs aux gens extérieurs.fredvargas Des personnages extravagants, mais attachants, de vieux adolescents (fin de la vingtaine, mais toujours étudiants) qui ont une philosophie de la vie bien particulière. Le personnage de Laura amène à se souvenir de Camille, la petite amie d'Adamsberg. À travers ces deux personnages, Vargas crée l'image d'une femme mystérieuse au milieu d'hommes à ses pieds, une femme fatale, même si elle n'est pas vraiment à l'aise sur son piédestal. L'auteure a le don pour modeler des caractères attachants et cocasses, tout en faisant planer autour d'eux une aura de mystère qui ne les éloigne jamais de la liste des suspects.
Dans Ceux qui vont mourir te saluent, Vargas entame son histoire par le même procédé que dans Pars vite et reviens tard : deux crimes (ici un vol de livre et un meurtre) se produisent simultanèment, et s'ils semblent liés, ce qui les unit semble pourtant impossible et se contredire. Ce roman tient son ambiance particulière de son décor. D'un côté une Rome touristique, carte postale, telle que l'on se l'imagine dans La Dolce Vita. De l'autre, le Vatican, son austérité et ses secrets. L'intrigue balance sans cesse de l'un à l'autre, nous enveloppant dans l'histoire entière d'une des villes les plus riches culturellement du monde. Choix plus que logique pour un écrivain qui se veut archéologue autant qu'auteure. Les élucubrations insensées des trois empereurs font face au dogmatisme de l'Eglise, nous amenant à penser que la folie et la raison peuvent se mêler et se cacher là où on les attend le moins.
Si ce roman semble un poil inachevé face à ses futures oeuvres, il a pour lui, tout de même, de voir la naissance d'un univers bien particulier qui se bâtit pierre par pierre, mot par mot.

Elle en parle aussi : Amanda

Premières lignes :
Les deux jeunes gens tuaient le temps dans la gare centrale de Rome.
- À quelle heure arrive son train? demanda Néron.
- Dans une heure vingt, dit Tibère.
- Tu comptes rester comme ça longtemps? Tu comptes rester à attendre cette femme sans bouger?
- Oui.
Néron soupira. La gare était vide, il était huit heures du matin, et il attendait ce foutu Palatino en provenance de Paris. Il regarda Tibère qui s'était allongé sur un banc, les yeux fermés. Il pouvait très bien s'en aller doucement et retourner dormir.

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Commentaires
G
Mais oui, il est très bien ton commentaire! J'en ai fait de bien pires!
C
Bon, ben moi, j'ai encore rien lu de Vargas. J'ai le Jeu de l'amour et de la mort dasns ma pal. Super le com, hein? :-D
G
Je crois que tout le monde s'accorde là-dessus : Vargas n'était pas encore Vargas (mais Paris sera toujours Paris...)
Y
Je suis comme Gaelle, c'est un de ceux que j'aime le moins de Vargas, et du coup un des rares que je n'ai relu qu'une fois... mais bon c'étaient les débuts !
G
Il est qu'il laisse un goût de "pas encore la Vargas qu'on aime", mais il reste à mes yeux attachant.
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